8 mai : stop à la falsification de l’histoire

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L'Armée rouge à Berlin

 

Au fil du temps, on assiste à une réécriture de l’histoire qui magnifie la participation des États-Unis à la victoire sur les nazis et minimise le rôle des armées soviétiques qui sont pourtant entrées les premières à Berlin. Il s’agit tout simplement de falsification de l’histoire dont la définition est « Action de modifier en vue de tromper ».
Retour sur les faits d’hier et la réalité d’aujourd’hui.

Nous célèbrerons, le 8 mai 2021, le 76e anniversaire du 8 mai 1945, date de la capitulation de l'Allemagne nazie. Gageons que cet anniversaire sera occulté, ou au moins minimisé, par Ma-cron et sa bande d’euro dépendants ! Cela ne serait pas une nouveauté. Rappelons-nous la proposition de Giscard d’Estaing (artisan du Traité constitutionnel européen) qui voulait déjà liquider ce « mauvais souvenir » en fondant toutes les célébrations dans la date d'anniversaire du 11 novembre 1918 !
Mais, si par hasard, il était célébré, nous aurions sans doute droit à l'antienne : la libération a eu lieu grâce au débarquement des alliés le 6 juin 1944 avec 156 000 hommes, 5 divisions d'infanterie et 3 aéroportées, suivis de 133 000 hommes arrivés par la suite, par mer ou par air. Ces troupes – dont il convient de saluer le courage – seraient, à elles seules, venues à bout de la Wehrmacht !
Ainsi les batailles de Stalingrad, Koursk et l’opération Bagration, la plus grande opération mili-taire de1944 qui a libéré entièrement la Bielorussie et éliminé le groupe d’armée « Centre" allemand, sont totalement passées sous silence ! Alors que rien qu'à Stalingrad, les soldats soviétiques de l'Armée Rouge ont fait face à 180 divisions allemandes, italiennes, roumaines et hongroises ! Au cours de la bataille de Stalingrad, 91 000 Allemands et autres ont été faits prisonniers, portant le nombre total de prisonniers du IIIe Reich à 143 000 dès le 2 février 1943. Il faudra attendre plus d’un an pour que le second front soit ouvert en Normandie. Et l'avancée de l'Armée Rouge à l'Ouest n'y est pas pour rien ! En fait, les historiens sont nom-breux à considérer que c'est bien l'Union soviétique qui a supporté l'essentiel de l’effort de guerre en Europe et a brisé les reins de la Wehrmacht. Cela lui a coûté 25 millions de morts et une économie détruite dans toute la partie occidentale du pays.
Les "alliés" ont tenté d'occulter cette réalité dès le 7 mai 1945, en signant un armistice à Reims (Act of military surrender) et à Berlin le lendemain (acte de capitulation militaire) sans les Russes ! C'est l'Union soviétique qui exigea la signature du véritable acte de capitulation de l'Allemagne nazie à Berlin, en sa présence, le 9 mai 1945 ! C'est au demeurant le 9 mai qu’est célébrée la fête de la victoire de "la grande guerre patriotique" en Russie, et non le 8 mai.
Pourquoi ces manœuvres indignes et de basse politique ? Parce que la guerre froide a com-mencé dès ce jour là -et même avant – on se souvient que Patton a été débarqué par Truman car il voulait "pousser jusqu'à Moscou" !... Il était nécessaire de cacher la réalité : la collabora-tion des bourgeoisies "européennes" avec l'Allemagne nazie, la victoire sans bavure de l'Ar-mée Rouge, et la remise en selle prévue des pays européens pour les transformer en vastes marchés pour les États-Unis. Ce sera le véritable objectif du Plan Marshall : écouler les sur-plus américains, endetter les pays de la vieille Europe et pour sauver l'Allemagne post-nazie. Pour tout cela, il était crucial de briser la popularité des armées soviétiques et des résistances dans beaucoup de pays européens, en surévaluant le rôle militaire du débarquement et le prestige du "camp de la liberté" !

76 ans plus tard nous n'en sommes pas encore sortis !

On voit toujours des commémorations se tenir sans les Russes, on ressasse le mythe du "couple franco-allemand", on voit récite inlassablement la fable de la "souveraineté euro-péenne" alors qu'il n'y a pas de "peuple européen" mais exclusivement des nations et des peuples avec des histoires et des cultures propres.
La signature du Traité de l’Atlantique Nord, le 4 avril 1949 (OTAN), a été un acte majeur de la guerre froide, avec un double objectif : légitimer la présence de bases étatsuniennes en Eu-rope et constituer une coalition armée du camp occidental contre l’Union soviétique qui y ré-pondra par la formation du Pacte de Varsovie et sa signature le 14 mai 1955. Depuis, au mé-pris des engagements pris avec Gorbatchev, l’OTAN n’a cessé de s’étendre dans le monde, d’inclure les PECO (Pays de l'Europe Centrale et Orientale) et d’installer avec l’aide active de l’Union européenne, de nouvelles bases pour encercler la Russie. Les manœuvres baptisées « Defender Europe 2021 » de l’OTAN, sont en cours aux frontières de la Russie…
Bien que l'Union soviétique n'existe plus depuis trente ans, le "camp occidental" et l'OTAN de-meurent et poursuivent leur politique agressive envers la Russie, et la Chine, sous la houlette des États-Unis. Son meilleur lieutenant est l'Union européenne dont il faut rappeler que celle-ci ne regroupe plus que 27 pays sur un total de 50 pays européens ! On voit que les contradic-tions inter-impérialistes sont loin d'appartenir à l'histoire ! Car même avec une Russie capita-liste caricaturale avec ses oligarques, et une Chine dont certains se demandent ce qui lui reste de socialiste, les États-Unis et leurs féaux maintiennent leur politique d'hostilité et de prépara-tion à la guerre, alors que l'on n'arrête pas de nous raconter que « l'UE c'est la paix » !
Les États-Unis sont toujours le chef de l'impérialisme des multinationales, même si la montée en puissance de la Chine est leur principale préoccupation. L’Allemagne est le leader en Eu-rope après avoir mis à genoux tous ses concurrents – y compris la France – grâce à l'euro. La Russie, dont le PIB est inférieur (1 564 Milliards d'euros) à celui de la France mais qui dispose toujours de la puissance nucléaire, cherche à se faire respecter dans la cour des multinatio-nales. La Chine entend faire reconnaitre son statut de future première puissance économique mondiale malgré les efforts des États-Unis et de ses alliés des mers de Chine et de Chine orientale (Japon notamment), pour la contenir à son stade de développement actuel. Les puis-sances émergentes comme l'Inde, le Brésil, l'Indonésie, l'Afrique du Sud, veulent avoir leur place au soleil, dans le cadre du capitalisme financiarisé néolibéral et mondialisé.

76 ans plus tard que faire face à la guerre économique menée contre les peuples ?

Le 8 mai 1945 est certes une date lointaine. Le monde d'aujourd'hui est totalement différent ; nos luttes se situent dans un cadre complètement transformé. Mais nous n'oublions pas que c'est l'Armée Rouge puissamment aidée par les mouvements de résistance populaires, du type du CNR français, qui ont cassé les reins de la Wehrmacht et du nazisme ! Sans méconnaître le sang versé en Normandie et jusqu'à Berlin, nous n'oublions pas les leçons de l’histoire. Ces combats contre l’Occupation allemande, le nazisme et le fascisme, l’antisémitisme, le racisme, et la xénophobie ont été menés au nom de la liberté et de la souveraineté des nations et des peuples. Les Etats-Unis qui avaient pour projet de nous inféoder à la Libération (ils avaient même imprimé un dollar français…) n’y sont pas pas parvenus en raison du rôle déterminant de la Résistance française et du Général de Gaulle. Mais les Etats-Unis ont conçu et organisé la construction de l’Union européenne avec la complicité de quelques-uns (nous pensons aux pseudo « pères de l’Union européenne ») pour ne pas perdre la main. Les faits sont avérés et ne relèvent en aucune manière de « complotisme » ou de spéculation intellectuelle. 76 ans après la capitulation de l’Allemagne nazie, l‘Union européenne a préempté notre souveraineté et l’Allemagne en est la principale bénéficiaire. Il y a là encore des faits, rien que des faits.  Il nous appartient aujourd’hui par conséquent de construire les conditions de la libération de la tutelle de l’Union européenne qui mène une nouvelle guerre contre les peuples et les nations et qui les prive du droit souverain à décider de leurs lois, de la manière dont ils veulent définir les règles de leur société.

 

Note
Dans un documentaire de la série Les coulisses de l’histoire, Arte relativise l’importance du débarquement de Normandie : Le débarquement, une victoire inespérée.
Lire ou écouter : À quoi sert l’OTAN ? https://www.pardem.org/node/5025